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La vérité sur Gilles
en 40 dénonciations

Par quoi commencer ?
Par le verbe, c'est usé !
Ici, c'est par « Par ».

Par le baby-foot,
géniteur du moulinet,
d'où part l'ambigramme.

Par Jésus, peut-être,
et par d'autres moralistes,
l'amour du prochain.

Par Alphonse Allais,
le lait d'une poésie
à l'aise à l'essai.

Par la Marina,
l'Anna naît de la nana,
nanan du papa.

De Jorge Luis,
le souvenir d'univers
plus vrais que nos fers.

De Georges Perec,
le bonheur des jeux de lettres.
Quel être choisir ?

De Richard Feynman,
l'appétit de tout connaître
et l'indépendance.

De Stef Mallarmé,
les inanités sonores
n'ont ni nœud ni nom.

De Fred et des autres,
l'humour de toute une époque.
Mâtin, quel pilote !

De Claude Gagnière,
l'atlas des jeux littéraires :
« Pour tout l'or des mots ».

De Boby Lapointe,
la pointe d'une chanson
qui dévale en bob.

De Doug Hofstadter,
sur le ton beau de Marot :
« Gödel, Escher, Bach ».

De qui veut la peau
de l'appeau de l'OuLiPo,
loup lit : « Pope ôte âme ».

D'un célèbre chantre,
découpé tranche après tranche,
le geste met l'ange.

Du Palais Royal,
les colonnes de Buren
pour l'apéritif.

Avec la peinture,
des parents pleins de couleurs
forment l'œil au goût.

Avec la physique,
l'espace et le temps de vivre,
et mille soleils.

Avec la musique,
plaisir de passer le bach
sans craindre les notes.

Avec le sonnet,
de quatorze à l'infini,
revoir les classiques.

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Avec l'espagnol,
une autre langue latine
qui a plus de lettres.

Avec un dico,
chercher le mot le plus juste
que la loi permet.

Avec l'OuBaPo,
dont Etienne Lécroart,
les fruits de l'échange.

Avec La Fontaine,
enfin boire un vers affable
au bar des proverbes.

Dac, du tac au tac,
dicte un tract sans trac ni tact
à Dakar -- d'accord ?

L'étonnant Scott Kim
n'inverse pas les valeurs,
mais les fait tourner.

Camille Abaclar
dédicace à tour de lyre
El Desdichadrôle.

Grâce à la contrainte,
l'insomnie est productive,
source d'autres rêves.

La liste OuLiPo :
réseau de contraintes reines,
réseau de rencontres.

À travers « Formules »,
un auditoire plus large,
fort mule et trop barge.

Il n'est jamais temps
de se mettre en quarantaine
à l'Académie.

Mots - rallye - théâtre :
fable-express veut brûler planches.
Moralité : âtre.

Un dico de rimes,
tel est l'instrument du crime
aux yeux des modernes.

Le goût de créer
sous les feux de la mémoire.
Avant donne après.

Un art de construire,
une critique polie,
un humour stylé.

Tant de gentillesse,
tant de sensibilité,
tant de sympathie.

À la rue Valois,
à l'infini redressé,
au cœur de Paris.

Quarante haïkus,
sur le rythme : cinq-sept-cinq,
pour la fête agile.

Que faut-il dire à
Gilles Esposito-Farèse ?
-- Bon anniversaire !

Qui donc va signer
ces triolets japonais ?
C'est Pascal Kaeser.