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Avatars de Nerval

Réapparition

Patrick Flandrin

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El reapparitio

Je suis le petit « e », juste un « 9 » inversé.
Qu'on s'est donné de peine pour me trouver ici !
Il suffit que j'existe, un public consterné
Sort d'un sommeil de loir pour sonner l'hallali.

En page 119, toi qui m'as débusqué
(Grâces t'en soient rendues, ô Sébastien Bailly !),
Booz qui dormait tant a été réveillé
Et rien n'est plus pareil : le typo a failli...

Suis-je humour ou rébus ? un signe ou un filon ?
Mon front est rouge encor d'un feutre qui me gêne.
Hier j'étais lettre morte, aujourd'hui les sirènes

Ont dit vingt fois par heure ma réapparition,
S'offusquant tour à tour à me lire tout frais
Et soupirant ravies : Cet écrit, qui l'a fait ?


Le 14 octobre 2003, Sébastien Bailly révélait aux membres ébahis de la liste Oulipo qu'il avait découvert un E dans La Disparition, le célèbre roman de Georges Perec connu pour être écrit sans cette lettre. Il s'avéra en effet que certains exemplaires de l'édition d'avril 2003 de ce livre chez Gallimard comportaient une erreur, page 119, au quatrième vers du poème Booz assoupi (réécriture sans E du Booz endormi de Victor Hugo). Ce vers était devenu :
    Booz dorme non loin du grain qu'on amassait.
au lieu de « Booz dormait... » dans les autres éditions. Cette coquille inexplicable — on en découvrit par la suite une douzaine d'autres, dont plusieurs E, dans la même édition — causa quelques remous dans le Landerneau des amateurs de Perec.


© Patrick Flandrin – 2003