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Retour vers Le cothurne étroit

Fablopèteries

Si mon ami Albert est basque,
Il n'aime guère la pelote
Car tandis qu'il y joue, fantasque,
Sa femme veut qu'on la pelote.

Le cornard hait le rebot.


Le grand éphèbe aime aller se pieuter ;
Il ne le fait jamais sans câlins, seul.
Le petit laid, lui, ne peut pas zyeuter
Un drap de lit sans y voir un linceul.

Le moche hait la couche.


Mettre une attache à des brassicacées
Est inutile et fort désagréable.
Leur caractère est doux et malléable ;
Libérons-les sans les bras s'y casser.

Le chou hait le lien.


L'auteur des « Perses » rapporte
Qu'un rat, par l'orgueil troublé,
Met chaque fois à la porte
L'impudent qui l'a doublé.

Le rat d'Eschyle hait le rat devant.


La jeune éditrice Anne a reçu pour mandat
De mettre en page, en vers, « Le parti pris des choses ».
Elle envie l'homonyme à qui l'on demanda
Le même travail pour « Indignez-vous ! », en prose.

L'Anne chargée de Ponge hait l'Anne chargée d'Hessel.


Une plante à baie rouge et à feuille piquante
Jamais par de l'alcool ne doit être arrosée.
À l'infâme eau-de-vie, la liqueur urticante,
Préfère la douceur fraiche de la rosée.

Le houx hait la gnôle.


Un Allemand plein de weissbier
Sur un pied de ronce a pissé ;
Les fruits dont il est tapissé
En veulent à ce mauvais sbire.

La mûre hait le Boche rond.


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Nicolas Graner, juillet 2014, Licence Art Libre