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Retour vers Le cothurne étroit

Attention à la marche

Mourir pour des idées c'est bien beau mais lesquelles ?
Georges Brassens.

Distinguons bien les infos de l'intox
Quand chaque jour se resserre la vis.
Être meurtri dans son cœur ou sa chair
Oblige-t-il à bannir la manif ?
Pour afficher son deuil et sa douleur
Publiquement, faut-il être une star ?

Moi qui ne suis ni victime ni star,
Je me défie et redoute l'intox.
Parmi les cris sincères de douleur
D'autres, hélas, mielleux et pleins de vice,
Se font entendre autour de la manif,
Déshonorant les blessés de la chair.

Prier le Verbe incarné dans la chair ?
Se reposer sur un homme, une star ?
Vociférer au sein d'une manif ?
Nul procédé n'échappe au paradoxe :
On croit mener sans fin la guerre au vice,
On ne combat en fait que sa douleur.

Il en est qui ressentent la douleur
Que fit le plomb en pénétrant leur chair ;
Il en est qui prêchent contre le vice,
La cruauté, la haine du barbare ;
Il en est qui, sans peur du paradoxe,
Viennent prôner la violence en manif.

D'autres n'iront jamais à la manif,
N'exprimeront pas la moindre douleur,
Ne trancheront jamais le paradoxe,
Ne traiteront personne en adversaire,
Ne hurleront jamais un mot barbare...
Prudence est-elle aussi mère de vice ?

Je crois savoir reconnaître le vice,
On m'a parfois vu dans une manif,
Je n'ai jamais défendu le barbare,
Pourtant je crains sans cesse quelque leurre
Qui me ferait me tromper d'adversaire
Et ce n'est pas mon moindre paradoxe.

Tout paradoxe en logique est un vice,
Tout adversaire est quelque part pontife,
Tout devient leurre aux ordres d'un barbare.


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Nicolas Graner, 29 novembre 2015, Licence Art Libre